Puss in Boots (Le Chat potté) (2011) de Chris Miller
”9 vies = 9 films ?”
Était-il pertinent de consacrer un spin-off à un personnage secondaire d’une série (Shrek) déclinante ? La première partie du film laisse à penser que oui, la démarche était utile : les gags sont franchement drôles et le côté “n’importe quoi” enthousiasmant. Puis l’intrigue principale se met en place et le tout rentre dans le rang. On finit par avoir la confirmation que la seule vraie bonne idée de ce personnage est d’en avoir confié le doublage à Antonio Banderas qui prend un malin plaisir à forcer son accent espagnol pour accentuer (sic) la théâtralité de ce chat potté. Enfin, et c’est tout sauf un hasard pour ceux d’entre vous qui ont souffert devant Very Bad Trip, Zach Galifianakis prête sa voix au personnage le moins supportable de l’aventure…
The Descendants (2011) d’Alexander Payne
”Paradise? Paradise can go fuck itself.”
The Descendants est le dernier film d’Alexander Payne – né Alexandros Papadopoulos –, le type à qui l’on doit le fabuleux Sideways. Un mec qui fait de grands petits films et celui-ci ne déroge pas à la règle. “Je m’empresse de rire de tout de peur d’être obligé d’en pleurer” disait le Figaro de Beaumarchais. C’est un peu l’état d’esprit qui accompagne la projection à l’image d’Hawaii, théâtre des opérations et destination paradisiaque s’il en est, mais filmée intégralement sous la pluie. La prestation de Clooney est impressionnante tant dans les scènes de comédie pure (une course mémorable en chaussures bateau) que dans l’émotion ; je suis à la recherche d’un nouvel adjectif pour qualifier le niveau d’acting qu’il a atteint… Payne/Papadopoulos a beau être grec, sa petite entreprise ne connait pas la crise !
Secuestrados (Kidnappés) (2010) de Miguel Ángel Vivas
”Ça n'arrive qu'aux autres...”
Un torture porn intense et éprouvant qui joue avec les nerfs du spectateur de par sa construction (une succession de plans-séquences), son cadrage et sa brutalité. Ce qui fait le plus froid dans le dos est probablement ce que suggère habilement la tagline et ses points de suspension : que ferait-on à la place de cette famille espagnole assaillie par trois Albanais cagoulés ? Une question qui mérite réflexion à l’inverse du raccourci facile qui voit le film comme une allégorie de l’Europe et de son élargissement aux pays de l’Est.
A Dangerous Method (2011) de David Cronenberg
”This is not a méthode!”
Quand on voit le look qu’y arbore Viggo “Aragorn” Mortensen, dire que le nouveau Cronenberg est barbant est un jeu de mots facile, mais tellement approprié. Ça ressemble furieusement à un téléfilm de la BBC ou à un épisode d’Au siècle de Maupassant avec un casting sexy (Knightley, Fassbender, Mortensen, Cassel). La hauteur sous plafond de la salle de l’UGC des Halles doit être de 7-8 mètres, pourtant j’ai l’impression que le film m’est passé bien plus haut au-dessus de la tête…
The Lady (2010) de Luc Besson
”Celui qui ne pleure pas devra consulter.” (Luc Besson)
Malgré l’avertissement du boss d’Europa, j’y suis allé pour ricaner devant ce qui s’annonçait comme l’hagiographie manichéenne et larmoyante d’Aung San Suu Kyi. Au final, c’est un peu plus que ça. C’est certes très naïf, et parfois franchement honteux (représentation des forces armées, simplification à outrance, démagogie, etc.) Mais la présence au générique de Michelle Yeoh est une arme de destruction massive : elle cristallise tous les regards et l’affect de l’audience, incarne avec détermination, mais surtout une dignité désarmante la résistante birmane. L’actrice malaisienne y trouve le rôle de sa vie sans qu’il n’y ait besoin de préciser qu’elle y est sublime, et ce, dans toutes les acceptations du terme.
Hugo (Hugo Cabret) (2011) de Martin Scorsese
”If you ever wonder where your dreams come from, look around: this is where they’re made”
Quelque part, dans un univers parallèle, il existe un cimetière blindé de pierres tombales érigées à la mémoire des grands réalisateurs ayant récemment fauté. Si certains prennent un malin plaisir à charger leur épitaphe (Michael Mann, Clint Eastwood, etc.), d’autres naviguent allègrement au-dessus de tout ça. C’est le cas de Martin Scorsese, qui, avec Hugo Cabret, fait son entrée dans le monde de la 3D en réalisant le premier film pour enfants pour adultes. Car à moins que les gamins n’aient un intérêt prononcé pour le cinéma et sachent qui est George Méliès, il y a fort à parier que le film les ennuie. Toute scène spectaculaire a en effet été mise de côté, et l’aventure est d’abord intérieure. Néanmoins, c’est visuellement splendide, l’utilisation du relief est bluffante, et l’hommage à la cinéphilie sincère et poignant. Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. Rien de nouveau pour Marty quoi…
Mission: Impossible – Ghost Protocol (Mission : Impossible – Protocole Fantôme) (2011) de Brad Bird
”Mission : Impassible”
Tom Cruise, à l’instar de son complice Nicolas, se promène un peu partout. Moscou, Dubaï, Bombay et Seattle sont au programme de sa dernière croisière (hin hin hin). Martine peut aller se rhabiller…
À la barre, Brad Bird, transfuge de Pixar, qui dirige ici son premier film live-action qu’il a choisi de traiter… comme un cartoon. De l’humour slapstick à tout va : l’évasion initiale, les scènes de saut où les personnages se heurtent systématiquement au décor ou encore l’inénarrable séquence de course de Tom Cruise dont la foulée est pour le moins risible. Chassez le naturel…
L’axe Pixar/Apple est également conservé : iPhone et iPad sont omniprésents. Tout le monde sait que l’on est en 2011 (et que Steve Jobs est mort), sauf les responsables de la franchise qui continuent à produire des films d'action comme en 1996 : ouverture punchy façon James Bond, équipe hétéroclite, mission foirée, déni/abandon du gouvernement, opération en "sous-marin" pour sauver le monde. Ce sont les scenarii de TOUS les films de la franchise et donc du dernier-né.
Des Clins d'œil artificiels à la série originelle émaillent les 133 minutes : Michael Giacchino en singe la bande originale, le personnage de Paula Patton, eye candy, a pour patronyme Carter, allusion à l’élégante Cinnamon Carter campée par Barbara Bain durant les 3 premières saisons du TV show, etc.
Autrement, dans ce qui est censé être un morceau de bravoure, l’IMF fait sa guerre du Golfe à Dubaï, au milieu d’une tempête (du désert) de sable qui a au moins le mérite de mettre tout le monde d'accord sur l'utilité de la burqa.
On a déjà un pitch pour l’épisode 5 : trouver une plus mauvaise actrice que Léa Seydoux. Enfin, d’épisode 5 il n’y aura que si la synchro iTunes se passe bien…
À quand un protocole (fantôme) de Kyoto pour réduire les émissions impossible ?
Hollywoo (2010) de Frédéric Berthe & Pascal Serieis
”- Je suis dans le dressing de Jennifer Marshall !
- Ouais, bah rappelle-moi quand tu seras dans les Brad Pitt…”
C’est probablement la meilleure vanne du film, et pourtant elle passera inaperçue. Parce qu’elle est noyée dans un torrent de gags prévisibles ou improbables (Diam’s) et de franglais débité par les deux acteurs principaux. On sourit par sympathie pour le casting : Jamel, ce sera toujours mieux que Demaison et Foresti que Roumanoff. Mais en bout de course, Hollywoo, c’est un peu comme Ophélie Winter, que l’on entend à tout berzingue au début du film : c’était très fun en 1994, ça l’est beaucoup moins aujourd’hui !
j'aime bien ton bulletin sur The Lady, film il est vrai sauvé haut la main par une magnifique prestation de Michele Yeoh ... j'adore pourtant Luc Besson mais ses derniers films ne sont pas à la hauteur de ses premiers ... quant à son écriture ... no comment !! et tu vois par contre The Descendants j'ai pas aimé et j'ai trouvé George Clooney très fade dans ce film ... je m'y suis .. un peu fait chier !! assez d'acc' sur tes appréciations de Mission Impossible 3 et Hollywoo ... ;)
Avais-tu eu la chance de voir Sideways ?
non je n'ai pas vu ce film ...
"The Descendants" est un film qui m'a marqué... J'en garde un souvenir ému. Ému par l'histoire, par les personnages, par le cadre, par le jeu des acteurs... Une perle!
ET dire que je n'ai pas encore vu les autres films d’Alexander Payne.
Benoît G.
Les LIlas
Je suis tout à fait d'accord, et je crois que cette façon un peu surréaliste de traiter le drame renforce cette émotion qui se révèle finalement très élégante, très digne.
Fonce sur Sideways !